CHAMPAGNE BIO, UNE NICHE DE LUXE
Avec seulement 2% des vignobles de la région de Champagne cultivés selon des principes biologiques, sans engrais chimique ni produit phytosanitaire de synthèse, les bulles de fête bio restent rares.
Lise Cheurlin, installée avec son frère dans l'Aube, a produit sa première cuvée de champagne bio en 2014 : "Nous y sommes allés très progressivement en cinq ans, avec l'aide d'agronomes, nous avons diminué les doses de produits phytosanitaires, puis utilisé des huiles essentielles pour donner de la vigueur à la vigne" explique-t-elle lors du salon Vinibio, qui s'est tenu mi-décembre à Paris.
"Mais le bio, c'est très difficile pour nous" dit-elle. La Champagne est située sur une latitude nord qui définit la limite de la viticulture. Le nombre de jours de pluie favorise le développement des champignons qui menacent le raisin et les récoltes.
Le bio est néanmoins en "très fort développement", "surtout chez les jeunes vignerons" explique Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons de la Champagne (SGV). Il était temps, les vignes champenoises n'ont pas toujours été vertueuses pour l'environnement.
LE BIO, C'EST RETROUVER LE PLAISIR D'ÊTRE DANS NOS VIGNES
Les 15.000 viticulteurs champenois ont dû se défaire d'une pratique de fertilisation à base de déchets organiques urbains issus des poubelles franciliennes. "Les vignobles devenaient bleus" à cause des sacs poubelles hachés menu dans le compost qui s'infiltraient dans la terre, se souvient Jean-Michel Deluc, ex-chef sommelier du Ritz.
À des latitudes voisines, le Jura et l'Alsace, font mieux pour le bio que la Champagne", dit Jean-Michel Deluc. Mais les parcelles champenoises, petites en surface, sont difficiles à soigner en bio quand le voisin utilise des produits chimiques, admet-il.
"Mon grand-père nous a traités de fous quand nous nous sommes lancés en bio" reconnait d'ailleurs Lise Cheurlin, qui représente la 5ème génération de vignerons de sa famille. "Enfant, il avait assisté aux ravages des maladies sur les vignes, et aux galères qu'avaient affrontées ses parents pour produire". Pour sa génération, la révolution chimique avait été l'avènement du rendement garanti.